Faut-il signer ses photos numériques, faut-il insérer un filigrane, utiliser un pseudo une bonne idée ?
Ces questionnements reviennent souvent avec des partisans du oui, du non, du c’est bien, c’est pas bien. En fait cela dépend et cette problématique n’est pas d’aujourd’hui. C’est à chacun de décider. Pour les tirages photo en quantité limitée à 30 exemplaire dans le statut d’auteur oui il faut signer et numéroter les photos au dos (1/30 et signature). Pour les photos numériques, on conseille de remplir les métadonnées avec son nom. Mais est-ce la peine d’écrire son nom ou son pseudo en filigrane ? Les avis sont partagés car d’une part cela peut se retirer et cela charge le visuel. On remarque qu’actuellement les « grands » noms de la photo n’en mettent pas sur les publications numériques, car on reconnait leur style personnel et le nom est indiqué en légende.
Toutefois cela peut être utile, pas tant comme protection, mais au niveau publicitaire, identification et pour alerter que la photo n’est pas copiable à volonté sans demander l’autorisation et qu’il y a des droits d’auteur à verser. Quant à utiliser son identité réelle ou un pseudo c’est un choix personnel. Pour des noms complexes à retenir, cela peut être sympa d’utiliser un pseudo. Certains ont utilisé le pseudo pour construire une marque.
Nadar
A titre d’illustration, intéressons nous à Félix Tournachon né en 1820. Au départ il était caricaturiste, écrivain. Il publiait ses écrits sous forme de romans, nouvelles, poèmes, brèves de comptoir, témoignages, portraits littéraires, qu’il signait Nadar. Ce pseudonyme avait initialement été utilisé par une société constituée avec son frère sous des formes provoquant parfois la confusion. Félix s’est ensuite plongé dans la Photographie et a obtenu l’exclusivité du pseudo Nadar à la suite d’un procès contre son frère qui réalisait aussi des photographies, avec la signature « Nadar jeune » et « Nadar jne ». Ce procès a été l’un des premiers sur le sujet du statut d’auteur photographe. Son fils Paul réutilisera ensuite le même pseudonyme avec la permission de son père. Félix souhaitait que l’appareil photographique puisse être emporté à l’extérieur et en voyage, aussi facilement que le chevalet du peintre. Il a expérimenté la photographie embarquée dans un ballon dès 1858 en devenant un pionnier de la photographie aérienne.
Malgré les conflits, le pseudo Nadar fût un pseudonyme partagé, devenu une griffe internationalement connue. Les Nadar se sont particulièrement fait remarquer par leur art du portrait. Ils ont été des chercheurs de lumière et de la « ressemblance intime », ou, comme il sera écrit plus tard, de l’« image juste », en révélant l’authentique dimension artistique de la photographie. Le pseudo est devenu une marque de fabrique liée au style, à la démarche artistique et aux recherches de l’excellence. Et l’on peut noter que les photos étaient parfois signées sur le tirage lui même mais pas toujours. Nous pouvons supposer que c’est lié à la pratique en peinture, sculpture, dessin, pour montrer que la Photographie était elle aussi, entrée dans le domaine des arts.