Surprise, surprise… Tous les humains ne voient pas les couleurs de manière identique. La perception des couleurs varie d’une personne à l’autre en raison de plusieurs facteurs biologiques, neurologiques, génétiques et contextuels. Les scientifiques ont étudié cette question en profondeur, et plusieurs recherches permettent d’expliquer ces différences.
Les bases biologiques de la perception des couleurs
- Les cônes rétiniens : La vision des couleurs repose sur trois types de photorécepteurs, les cônes dans la rétine. Chaque type de cône est sensible à une longueur d’onde particulière correspondant au rouge (L), au vert (M), ou au bleu (S). Cependant :
- La densité et la distribution des cônes varient légèrement d’une personne à l’autre, ce qui peut influencer leur sensibilité aux couleurs.
- Les variations génétiques dans les pigments de ces cônes affectent la perception individuelle des couleurs.
Des différences génétiques et daltonisme
- Daltonisme : Une personne sur 12 chez les hommes (8%) et environ 1 sur 200 chez les femmes présente une forme de daltonisme. Cela signifie qu’elles perçoivent certaines couleurs différemment ou ne peuvent pas les distinguer :
- Protanopie : Insensibilité au rouge.
- Deutéranopie : Insensibilité au vert qui parait alors jaune-orange
- Tritanopie : Insensibilité au bleu, beaucoup plus rare.
- Tétranopie chez certaines femmes : Certaines femmes possèdent un quatrième type de cône, ce qui pourrait leur permettre de percevoir des nuances de couleurs invisibles pour la plupart des gens. Cependant, ce phénomène reste peu étudié.
Influence du cerveau sur la perception des couleurs
- Traitement neuronal : Les informations des cônes sont traitées par le cerveau, notamment dans le cortex visuel. La manière dont les signaux sont interprétés peut varier entre les individus.
- Facteurs contextuels : Des expériences personnelles, des cultures ou des associations émotionnelles peuvent influencer la façon dont une personne perçoit ou interprète une couleur.
Études scientifiques
- Études sur les variations génétiques des cônes :
- Des recherches ont montré que certaines mutations dans les gènes codant les pigments des cônes modifient leur spectre d’absorption, influençant ainsi la perception des couleurs.
- Une étude publiée dans Nature Genetics (1998) a exploré la diversité génétique dans les gènes codant les opsines (pigments des cônes).
- Études sur le daltonisme :
- Un travail fondateur sur le daltonisme remonte à John Dalton (1798), qui a découvert ce phénomène en analysant sa propre perception des couleurs.
- Des études récentes utilisent des outils génétiques pour mieux comprendre comment des mutations affectent la vision des couleurs.
- Études sur la tétranopie :
- Une étude menée par Gabriele Jordan et ses collègues (2010) suggère que certaines femmes pourraient avoir une vision « supérieure » grâce à un quatrième cône.
- Études neurologiques :
- La recherche sur le phénomène du « color constancy » montre comment le cerveau compense les variations de lumière ambiante pour maintenir une perception stable des couleurs, ce qui peut également varier selon les individus.
Facteurs influençant la perception des couleurs
- Âge : Avec le temps, le cristallin de l’œil jaunit, ce qui peut réduire la perception des couleurs, notamment des bleus.
- Santé visuelle : Certaines conditions médicales (cataracte, glaucome, etc.) altèrent la perception des couleurs.
- Environnement : L’éclairage, les couleurs environnantes et les contrastes influencent la perception visuelle.
Expérience célèbre : l’illusion de « La robe »
En 2015, une photo d’une robe, perçue comme bleue/noire par certains et blanche/dorée par d’autres, a illustré à quel point la perception des couleurs peut varier en fonction de la manière dont chaque cerveau interprète l’éclairage et le contexte.
- L’étude « Des différences individuelles frappantes dans la perception des couleurs révélées par la photographie « de la robe.» ici « La robe est une photographie particulière : les pixels de la robe sont bruns et bleus, des couleurs associées à des sources lumineuses naturelles [1], mais des comptes populaires (#TheDress) suggèrent que la robe apparaît soit blanche/dorée, soit bleue/noire [2]. La prétendue perception catégorique pourrait-elle provenir du fait que la question initiale posée sur les réseaux sociaux était un choix alternatif forcé ? Dans une enquête à réponse libre (N = 1401), nous avons constaté que la plupart des personnes, y compris celles naïves à l’image, ont déclaré blanc/doré ou bleu/noir, mais certaines ont dit bleu/marron. Les déclarations de blanc/doré par rapport au bleu/noir étaient plus élevées chez les personnes âgées et les femmes. Lors d’un nouveau test, certains sujets ont signalé un changement de perception, montrant que l’image peut être multistable. Dans une mesure de perception indépendante du langage, nous avons demandé aux sujets d’identifier les couleurs de la robe à partir d’une gamme complète de couleurs. Les résultats ont montré trois pics correspondant aux principales catégories descriptives, fournissant une preuve supplémentaire que le cerveau résout l’image en l’un des trois percepts stables. Nous émettons l’hypothèse que ces différences reflètent des priors internes différents : certaines personnes privilégient un éclairage froid (ciel bleu), négligent les longueurs d’onde plus courtes et perçoivent le blanc/doré ; d’autres privilégient un éclairage chaud (lumière incandescente), négligent les longueurs d’onde plus longues et voient le bleu/noir. Les autres sujets peuvent adopter un éclairage neutre et voir le bleu/marron. Nous montrons qu’en introduisant des indices explicites dans l’éclairage, nous pouvons inverser la couleur de la robe. »
Un sondage estimait que 70 % des gens voyait cette robe en blanc et doré ! Les différences de perception des couleurs sont dues à la façon dont nos cerveaux calculent la quantité de lumière arrivant jusqu’à nos yeux. En réalité, la robe est bleue et noire. Mais nos yeux prennent en compte la lumière globale de notre environnement et pas seulement la couleur réelle de l’image.
Etonnant de penser que cette robe puisse être bleue et noire quand on la voit blanche et dorée !
La perception des couleurs varie entre les personnes, elle est influencée par des facteurs génétiques, biologiques, neurologiques, et culturels. Des études scientifiques montrent que chaque personne voit en fait le monde d’une manière personnelle. La compréhension de ces variations est importante pour des disciplines comme l’optique, la neuroscience et la conception artistique ou technologique comme par exemple, le calibrage des écrans…