Ne pas tourner en rond

Comment ne pas tourner en rond dans sa pratique photographique, ne pas se lasser et ne pas rester à l’étape blocage de sa progression ?

Pour ne pas stagner ou avoir cette impression de ne pas progresser dans sa pratique photographique, pour maintenir sa motivation et s’améliorer en continu, il est possible de :

Explorer des thèmes et des sujets variés

  • Sortir de sa zone de confort : Consacrer une période à un sujet ou un style jamais encore exploré. Par exemple, si l’on fait habituellement des portraits, tester la photographie de paysage, explorer le banal, l’architecture, des photos de rue…
  • Créer des séries thématiques : Travailler sur des séries ou projets thématiques aide à approfondir un sujet et permet de sortir du schéma de la photo unique. Par exemple, documenter la vie dans une rue à des heures différentes.

Se fixer des défis

  • Limiter le matériel : Imposer des restrictions de matériel comme utiliser un seul objectif fixe, stimule la créativité. Cela force à trouver de nouvelles façons de composer et de cadrer, au lieu de s’appuyer sur la polyvalence des outils.
  • Maîtriser les contraintes de lumière : Travailler à des heures inhabituelles, comme en pleine nuit ou lors d’une météo difficile, sous la pluie, le midi en lumière dure ce qui est habituellement déconseillé. Cela oblige à maîtriser la lumière et amène à explorer les subtilités d’exposition et de la balance des couleurs.
  • Se fixer une limite de temps : En photo de rue, de lieux, dans une ville par exemple, se limiter à 2 ou 3 heures et faire un maximum de photos, mitrailler en numérique (car sinon ce sera onéreux) en suivant son intuition. Le but s’est d’y aller franco, s’éclater. Ensuite une fois posé, après cette frénésie photographique, analyser, post-traiter, recadrer éventuellement et sortir 5 à 7 photos qui se tiennent pour se rendre compte qu’en réalité, on peut se lancer dans les séries photographiques. Si on n’est pas trop satisfait recommencer la semaine suivante. Cela peut être aussi une courte durée comme 30 minutes en se fixant sur un thème comme des reflets, des parapluies, des smartphones, des trottinettes, une couleur particulière…
  • Chercher l’instant d’évidence : C’est le contraire que de mitrailler, déclencher peu en cherchant l’instant décisif, cet instant fugace où l’on sent qu’il peut se passer quelque chose qui sera photographique. Ce peut être grâce à des conditions de lumière, des assemblages de personnes, de couleurs, qui permettent avec une composition éphémère de donner une photo unique. Rechercher en fait la rareté où le spectateur de la photo se dira « il ou elle a eu de la chance », provoquer cette chance du « bon moment » du déclenchement en étant aussi au bon endroit au bon moment. Cela peut se faire en reportage en mode pécheur, en repérant un lieu adéquat et en attendant que des éléments s’assemblent ou en mode chasseur en se déplaçant.
  • Une photo par jour : Au minimum faire une photo par jour. On peut même se lancer dans le défi ultime un défi 365 jours avec une photo par jour (c’est un minimum, si on est parti sur un sujet inspirant y aller pour +, les jours sans trop d’inspiration, une photo alors). Le but est de se lancer dans une pratique régulière contrainte, cela peut-être simplement documenter son quotidien, faire des photos inhabituelles aussi comme des détails, des photos de nuit, des objets, des gens, des animaux de compagnie, son intérieur, des auto-portraits, sans forcément réfléchir au sens, en étant bienveillant envers soi-même, en se félicitant quand on est content sur le moment d’une photo, en sortant complétement d’un enjeu de qualité immédiate, sans juger du résultat, sans se dévaloriser, en explorant, en suivant son intuition. L’idée est d’améliorer son regard posé sur son environnement et à la fin d’analyser sa progression. Ce défi permettra certainement au bout d’une année de sélectionner une série cohérente, même avec 5 photos que l’on apprécie particulièrement, on aura réussi une série. cela sert aussi à découvrir ce qui nous plait comme type de photos et de se forcer un peu parfois, pour au final obtenir une grande satisfaction. Se faire un dossier 365 et copier toutes les photos dans ce dossier en post-traitant ensuite pas forcément en continu, c’est son coffre du défi qui sera à analyser profondément à la fin. On peut démarrer n’importe quand, nommer le dossier « défi 365 » avec la date de démarrage et en avant, c’est parti… Si 365 jours parait énorme et stressant alors commencer par un défit sur 30 jours pour ensuite se prendre au jeu en y trouvant de la satisfaction.

—————————————————————————————– Prêt pour un défi 7/7 ?

Développer une vision artistique

  • Faire un travail d’introspection : Connecter la photographie à son propre état émotionnel. Par exemple, exprimer un sentiment de nostalgie ou de solitude dans un cadre visuel peut révéler une dimension très personnelle à son travail, comme un miroir de ses ressentis.
  • Se focaliser sur le message : Chaque photo peut devenir un moyen d’expression, comme on le souhaite pour transformer ses ressentis. Prendre le temps de réfléchir à ce que l’on voudrait exprimer dans une photo, en racontant quelque chose, en transmettant une émotion ou une ambiance particulière. Ou a contrario il n’y a pas forcément besoin de réfléchir, se laisser guider par son intuition, être libre, dans la posture avec un quand je vois, je le vois et ça fera une photo.

S’inspirer sans copier

  • Limiter le temps d’exposition aux autres réalisations de photographes : Pour éviter de ressentir de la démoralisation en se comparant continuellement, déterminer des moments pour regarder des photos, comme une courte session hebdomadaire. Noter ce qui vous attire dans le travail des autres, puis explorer comment adapter cet aspect à sa propre vision sans l’imiter.
  • Élargir les sources d’inspiration : Au lieu de s’inspirer uniquement de la photographie, puiser dans d’autres formes artistiques comme la peinture, le cinéma, la littérature. La narration, la composition, l’éclairage peuvent être influencés par des œuvres issues de différents domaines.

Élaborer des objectifs précis et mesurables

  • Définir des étapes de progression : Plutôt que de chercher à s’améliorer de manière vague, fixer des étapes précises. Par exemple sous la forme de thématique opérationnelles comme « maîtriser la composition avec des diagonales » « Travailler les lignes de force » ou « obtenir un meilleur contrôle des ombres et des lumières en contre-jour en intégrant la puissance du contraste. »
  • Auto-évaluation : Après chaque séance photo, prendre le temps de revoir ses photos en laissant passer quelques jours et en fonction des objectifs fixés. Analyser ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré pour que chaque séance devienne ainsi un palier de progression.

Sortir et tester dans des contextes différents

  • Changer de lieux de prise de vue : Expérimenter dans des lieux inhabituels, que l’on ne fréquente pas souvent. Ce changement d’environnement permet de voir et de capter des détails, des lumières et des ambiances nouvelles.
  • Photographier des événements ou des situations imprévues : Les contextes où l’on ne peut pas tout maîtriser apportent souvent de nouvelles compétences. Les événements publics, les performances de rue, les activités spontanées, créent des opportunités pour photographier des moments uniques.
  • Explorer le banal : Trouver des éléments photogéniques dans l’ordinaire. Cette démarche, souvent utilisée en photographie contemporaine, consiste à capturer des scènes quotidiennes, des objets ou des moments que l’on pourrait facilement ignorer. Elle demande de la sensibilité, une vision particulière, et une capacité à sublimer l’ordinaire. Redécouvrir le quotidien, l’art d’explorer le banal réside dans la capacité à voir ce que d’autres ne voient pas. Une lumière spécifique, une texture intéressante, une juxtaposition inattendue peuvent transformer une scène banale en une photo qui interpelle. Photographier le banal est un excellent exercice pour aiguiser son œil de photographe. Cela mène à chercher des compositions, des détails, des récits, une atmosphère, dans des lieux ou des situations anodins. Explorer le banal en photographie, c’est accepter de ralentir, de regarder différemment, de chercher l’essence des choses simples. Cette pratique renforce le sens de l’observation, développe la créativité, aide à produire des photos originales et sincères. L’on peut ainsi transformer une simple promenade en un voyage artistique.

Se remettre en question et accepter l’évolution

  • S’interroger sur son style : Avec le temps, son style évolue. Plutôt que de lutter pour rester dans un style bien défini, laisser de la place à l’évolution. Réévaluer ses préférences visuelles ou émotionnelles au fil du temps, et ne pas hésiter à explorer de nouvelles directions.
  • Écouter les retours sans s’y enfermer : Demander des avis peut aider, prendre le recul nécessaire pour différencier les critiques constructives de celles qui ne sont pas utiles à sa progression. L’essentiel est de continuer à évoluer vers sa propre vision.

Mener une pratique régulière et consistante

  • Organiser des séances hebdomadaires : Planifier des séances régulières, même courtes, peut aider à éviter les périodes de stagnation. L’idée est de garder un rythme, même si la quantité de photos produites n’est pas importante, ce n’est pas le but principal, il est de continuer à pratiquer régulièrement.
  • Considérer chaque photo comme une étape : Plutôt que de rechercher la perfection absolue à chaque fois, dans chaque réalisation, considérer chaque séance comme un pas vers la progression vers sa propre vision artistique, comme un exercice de perfectionnement.

Ces approches peuvent aider à renouveler l’intérêt, approfondir ses connaissances techniques, enrichir son langage visuel, pour ne jamais cesser de continuer d’évoluer dans la pratique photographique.

Les phases de blocage

Les phases de blocage dans la pratique photographique sont normales et même nécessaires pour avancer. Les accepter et savoir les dépasser peut enrichir son parcours et affiner son style.

Comprendre et accepter un blocage

  • Changer de perspective : Plutôt que de voir un blocage comme un échec, le considérer comme une pause pour digérer les acquis. Il s’agit souvent d’un moment où son esprit et sa vision créative se réajustent.
  • Évaluer objectivement le blocage : Se demander pourquoi on se sent bloqué. Est-ce un manque d’inspiration, de technique, ou de motivation ou simplement de la fatigue générale pas forcément en lien avec la photographie ? Cette évaluation peut aider à déterminer la bonne approche pour avancer.

Relâcher la pression et faire une pause

  • Laisser respirer la créativité : S’autoriser à faire une pause sans culpabilité pour éviter de forcer la créativité, ce qui peut aggraver le blocage. Parfois, quelques jours loin de l’appareil photo suffisent pour revenir avec des idées nouvelles et retrouver l’envie de faire.
  • Prendre du recul pour mieux revenir : Se laisser du temps permet de se détacher de la frustration et de se reconnecter à l’aspect plus ludique et exploratoire de la photographie.

Explorer de nouveaux horizons

  • Changer de sujet ou de style : Essayer un type de photographie radicalement différent peut briser la monotonie et réveiller l’enthousiasme. Si l’on est habitué à réaliser des photos en couleur passer à la réalisation uniquement de photos en noir et blanc ou inversement, car ce n’est pas du tout la même approche. Un article dédié au noir et blanc ici.
  • Approcher la photographie avec des techniques différentes : Pourquoi ne pas expérimenter avec des méthodes telles que les longues expositions (poses longues), le flou de mouvement, la photographie minimaliste ? Ces expériences peuvent inspirer à nouveau, surtout si on en a rarement fait.

Revenir aux bases

  • Reprendre des exercices fondamentaux : Quand on se sent perdu, se recentrer sur les bases peut être apaisant et revigorant. Par exemple, retravailler les principes de composition, d’exposition, de profondeur de champ, et observer comment ils influencent le rendu.
  • Réaliser des séries simples : Photographier des objets quotidiens, un même sujet sous différents angles ou lumières peut aider à voir des aspects que l’on néglige habituellement, tout en affinant ses compétences techniques et son sens de l’observation, photographier son environnement proche en se polarisant sur des détails choisis.

Accepter l’évolution de sa vision artistique

  • Reconnaître que sa vision change : Avec le temps, sa sensibilité artistique évolue. Ce que l’on aimait photographier il y a quelques mois peut ne plus inspirer. Accepter ce changement plutôt que d’y résister peut être libérateur.
  • Laisser de côté les attentes de perfection : Un blocage peut fréquemment résulter d’un désir excessif de produire des photos parfaites. Se donner la liberté de faire des erreurs et de prendre des photos « imparfaites » peut ouvrir de nouvelles perspectives.

Chercher de l’inspiration en dehors de la photographie

  • Se nourrir d’autres formes d’art : Lire un roman, visiter un musée, écouter de la musique, écrire, peut raviver sa créativité en s’exposant à d’autres formes de narration et d’expression.
  • Rencontrer d’autres artistes : Échanger avec d’autres créatifs, qu’ils soient peintres, musiciens ou écrivains, peut faire découvrir de nouvelles façons de penser la création artistique et de trouver des sources d’inspiration inattendues.

Expérimenter la photographie sous un angle personnel et cathartique

  • Utiliser le blocage comme source d’inspiration : Plutôt que de lutter contre la frustration du blocage, l’utiliser comme un thème pour exprimer ce que l’on ressent. Ces photos peuvent traduire son ressenti du moment et rendre ses photos plus authentiques.
  • Voir la photographie comme un exutoire : Ce blocage peut être l’occasion de transformer des émotions ou des ressentis complexes en photos, pour entrer dans un travail introspectif et libérateur.

Adopter une pratique de photographie régulière

  • Développer une routine simple et sans pression : Faire une photo chaque jour, sans recherche de la perfection, cela permet de pratiquer sans enjeu d’un résultat final extraordinaire. Se détacher des enjeux. Cette régularité peut désamorcer la peur de ne pas être « assez bon » et rétablir une fluidité dans la création.
  • Documenter son quotidien : Photographier des aspects ordinaires de sa vie aide à se reconnecter au plaisir de capturer des instants simples, tout en continuant à progresser.

Ces phases de blocage sont des jalons naturels pour enrichir son parcours. En les acceptant comme des étapes et en les abordant avec des approches positives, elles se transforment en opportunités pour approfondir sa pratique pour avancer vers une expression bien plus personnelle et authentique.


image_pdf©Patrick Pestre - pour usage personnel -