Découragement

Comment faire face à des coups de mou qui arrivent fréquemment quand on pratique la photographie. On peut constater qu’il y a des millions de photos réalisées et en déduire que l’on n’arrive pas à se démarquer, avec parfois l’envahissement du découragement car on ne se trouve pas assez bon dans ce que l’on fait.

Se comparer continuellement à la masse de photographies disponibles peut vraiment peser, surtout quand on cherche à développer un style personnel. Regarder moins le travail des autres pourrait être une bonne idée pour concentrer son attention sur ce que l’on ressent, ce que l’on souhaite photographier, sur le pourquoi photographier. En se recentrant sur ses émotions et ses inspirations propres, sans l’influence directe des autres, cela peut aider à révéler des aspects uniques de sa propre vision en allant au delà de l’aspect jugement esthétique du « elle est bien cette photo » en voyant défiler une masse de réalisations, qui, si on prend du recul peuvent être une évaluation du seul effet esthétique immédiat qui est dans le spectaculaire mais sans réellement de profondeur.

Il est ainsi possible de définir des critères spécifiques pour évaluer ses propres photos, basés sur ses objectifs personnels, et non pas en fonction des tendances actuelles, de l’effet esthétique immédiat, afin de mieux cerner sa progression et d’être moins dur dans la qualification de son travail photographique.

Définir des critères personnels

Définir des critères personnels pour évaluer ses photos, sans se laisser influencer par les autres, pourrait transformer sa façon de percevoir son propre travail en se détachant des tendances du moment.

Identifiez ses objectifs photographiques

  • Questionner son intention : Pourquoi faire de la photographie ? Est-ce pour capturer une émotion, pour révéler une beauté cachée, pour raconter une histoire ? Plus l’intention est claire, plus ses propres critères pourront y être alignés par exemple évoquer la nostalgie, le temps qui passe, l’envahissement technologique, des interactions sociales, des concepts abstraits etc.
  • Objectifs spécifiques : Par exemple, est-ce que l’on souhaite provoquer une émotion particulière chez le spectateur, explorer des thèmes profonds, produire de l’esthétique avec les ombres, les contrastes et la lumière ? Des objectifs permettent de guider les choix de ses critères.

Définir des critères techniques en fonction de ses priorités

  • Lumière et contraste : Si la lumière a un rôle clé pour soi, évaluer chaque photo selon la qualité de la lumière (naturelle, dramatique, douce) et comment elle met en valeur les sujets.
  • Composition : Si on vise un travail sur des compositions équilibrées ou audacieuses, analyser l’utilisation des lignes, les formes, les espaces, pour créer un impact visuel. Aussi évaluer si la composition guide le regard du spectateur de manière satisfaisante.
  • Détails techniques : La netteté, le contraste, les réglages de couleur, l’exposition peuvent être évalués en fonction de leurs contributions dans sa propre vision personnelle.

Évaluez l’impact émotionnel ou narratif

  • Résonance émotionnelle : Si son but est d’émouvoir, prendre le temps de ressentir l’effet de chaque photo. On peut noter ses propres émotions ou demander à des proches ce que l’image leur évoque, pour évaluer si cela correspond à votre intention.
  • Narration et message : Se demander si chaque photo raconte une histoire ou transmet un message clair. Si la narration visuelle est importante pour vous, vous pourriez juger vos photos selon leur capacité à susciter la curiosité ou à capturer un moment particulier.

Mettre en place un suivi de progression personnalisé

  • Classement personnel : Créer un système de notation pour chaque critère. Par exemple, de 1 à 5 pour des éléments comme la lumière, la composition, l’émotion et l’originalité. Ce système donnera un aperçu quantifiable de ses forces et de ses axes d’amélioration.
  • Comparaison avec soi-même : Reprendre régulièrement ses anciennes photos et les comparer avec les récentes en utilisant ces critères. Cela permet de voir les progrès sans se comparer aux autres photographes, seulement en fonction de ses propres standards.

Etre flexible et ajuster ses critères dans le temps

  • Évolution constante : Ses critères personnels peuvent évoluer en fonction de l’expérience et de ses propres découvertes. Ainsi, peut-être que l’émotion deviendra plus importante que la netteté, ou que la couleur.
  • Écouter ses ressentis : Avec l’expérience, il sera plus aisé d’affiner ce qui compte vraiment pour soi. On pourra même décider de n’utiliser que quelques critères pour rester concentré sur l’essentiel.

Il s’agit en fait de transformer son regard critique en le liant avec ses propres objectifs d’intentionnalité, matérialiser une progression en se basant sur ce que l’on valorise le plus. Entrer ainsi dans un travail d’auteur en recherchant du sens et non pas rechercher un effet spectaculaire immédiat.

Recentrer son travail par rapport à son soi

Recentrer son travail par rapport à soi-même, c’est mettre en avant son propre regard, ses émotions, et ses valeurs pour créer des photos qui résonnent avec sa personnalité et sa vision personnelle.

C’est entrer dans une démarche.

  • Exprimer sa vision personnelle : Cela revient à utiliser la photographie comme un miroir de ce que l’on ressent, de ce que l’on vit, ou de ce que l’on souhaite partager. Plutôt que d’adopter des thèmes ou des styles en fonction de ce qui est populaire, explorer ce qui nous fascine profondément, que ce soit des émotions complexes, des scènes du quotidien, ou des lieux marqués par le temps.
  • Écouter son intuition artistique : La photographie centrée sur son « soi » implique de faire confiance à son instinct créatif. Peut-être qu’au lieu de respecter des règles strictes, laisser ses propres envies guider la composition, l’angle, ou la lumière. L’intuition permet de capturer des moments et des détails qui parlent spécifiquement à sa propre sensibilité.
  • Explorer son état intérieur : Parfois, son état émotionnel peut dicter le style ou le sujet de ses réalisations. Si on est inspiré par des sentiments de mélancolie, de calme, de dynamisme, ces émotions peuvent teinter ses photos et leur donner un caractère plus authentique et intime.
  • Accepter les imperfections et les singularités : Le travail centré sur soi n’est pas nécessairement « parfait » au sens technique et esthétique, l’objectif c’est qu’il soit authentique. Les imperfections peuvent même devenir des éléments de style, car elles reflètent des aspects réels de son expérience et de sa vision.
  • Évoluer ainsi avec une démarche personnelle : En se recentrant, cela permet à son style de se transformer en fonction de sa propre évolution. Les sujets, les ambiances, les couleurs que l’on choisit peuvent évoluer avec le temps, accompagnant les changements personnels.

En développant cette démarche, ses photographies peuvent devenir des réalisations bien plus sincères. Au lieu de chercher à se démarquer en suivant des modèles externes, en étant sous influence, cette approche permet de se distinguer naturellement, car elle reflète une histoire que seul soi-même peut raconter. Cela ouvre également la porte à la réalisation de séries photographiques cohérentes car basées sur ses propres critères que l’on a qualifié en amont.


image_pdf©Patrick Pestre - pour usage personnel -