Devenir photographe professionnel

Cela veut dire obtenir suffisamment de revenus pour gagner sa vie et se transformer en chef d’entreprise en faisant plus de gestion, de recherches de clients, de relationnel, de marketing, que de photos, c’est une réalité. Le champ le plus adapté semble la photographie commerciale si l’on souhaite être à son compte. Il faut avoir conscience que pour dégager un petit revenu net de niveau SMIC, il y a besoin d’un chiffre d’affaire de plus de 20 000 € par an, sans oublier qu’il faudra plus pour pouvoir assurer l’achat et le renouvellement du matériel. Concernant les différents statuts, autre que salarié, voir l’article dédié (ici). En préambule il faut savoir que ce ne sera pas facile. Il y a une différence entre obtenir des « likes » sur les réseaux sociaux et se faire payer suffisamment pour obtenir un revenu nécessaire pour vire. Il faut se sentir motivé pour être avant tout un entrepreneur. Cela veut dire beaucoup travailler et passer beaucoup plus de temps à chercher des clients, se faire connaitre, créer un réseau, affirmer sa présence, que de faire réellement des photos. L’aspect marketing est très important. Concernant les reportages de mariage par exemple il faut aussi la résistance physique et ne pas avoir des soucis de santé, pour tenir une concentration parfois de 10 heures d’affilés. Ce n’est pas un métier où l’on gagne beaucoup d’argent. Le revenu moyen est autour du SMIC avec bien sûr des exceptions dans un sens ou dans l’autre.

Pour avoir une idée de la demande, on peut se poser la question du combien de fois, soi-même et dans sa famille on a fait appel à un photographe professionnel et pour quoi comme besoin ? Parfois on se rend compte que pour ses photos d’identité on utilise un photomaton, que pour les événements on trouve une connaissance qui a un appareil et on se débrouille avec ça. Aussi trouver des clients est l’aspect le plus difficile.

Passion et persévérance

Au-delà de ces compétences techniques, il est important d’avoir une passion pour la photographie et une bonne dose de détermination. Le travail de photographe est assez solitaire, car même lorsqu’on travaille en équipe, la responsabilité de la prise de vue, le post-traitement et de la qualité des photos reposent sur le photographe. Il faut également apprendre à communiquer avec les clients, savoir écouter leurs besoins et être capable de travailler sous pression en gérant son stress et ne pas tomber dans le syndrome de l’imposteur.

Pour se faire connaître, il est important d’avoir une présence en ligne, sur les réseaux sociaux et sur un site web professionnel. Il est aussi possible de participer à des concours de photographie, ainsi qu’à des événements et des expositions à thèmes pour se faire remarquer. Le bouche-à-oreille et les recommandations de clients satisfaits sont très importants pour se faire connaître.

Trouver des clients

Trouver des clients est souvent une étape difficile. Selon le marché visé avec un client cible à définir en amont, il est important de faire des recherches qui seront liées à sa spécialité par exemple, sur les entreprises de la région, les événements, les salons, pour savoir proposer ses services et se constituer un réseau de clients potentiels. Il est possible de vendre des images sur des banques d’images en ligne mais cela rapporte très peu. La clé du succès est la persévérance, le professionnalisme et le développement de relations suivies. Ce qui fonctionne c’est s’appuyer sur une communauté car c’est un métier dont le relationnel est très important pour trouver des clients, par exemple il y a des photographes catholiques qui s’appuient sur ce réseau dont ils font partie, pour trouver des clients qui vont se marier. De toutes les façons, il faut du temps. Le bouche à oreille et la réputation qui se construit petit à petit ont un impact très important. Il y a des techniques commerciales, comme par exemple utiliser des publicités payantes en ligne. Toutefois avant de dépenser, sans garantie de résultat, il est important de bien identifier son type de clients cibles, le mieux est de proposer une offre qu permette de se démarquer en accord avec sa singularité, par exemple avec une thématique particulière comme des photos de familles oniriques en racontant une histoire (c’est un exemple bateau pour illustrer une spécialisation), puis mettre en place une page internet spécifique pour capturer des mails de futurs clients. C’est ce système qu’utilisent certains vendeurs en dropshipping qui peut aussi s’employer dans la photographie commerciale, bien que nombreux sont les gens qui commencent à en avoir assez de recevoir des mails publicitaires qui envahissement leur boite de courriels…

Sur l’aspect argent on se rend compte que ce sont ceux qui sont bons en marketing, en force de vente, qui savent vendre et se vendre, qui arrivent à gagner de l’argent, pas forcément les meilleurs au niveau de la qualité artistique de leurs photos ^^. Ils utilisent des réseaux sociaux comme par exemple des abonnés YouTube, proposent des formations en utilisant des techniques de commercialisation appuyées. Leur métier est ainsi plus orienté vente avec la photographie comme un support. Il est en effet difficile d’obtenir un revenu correct uniquement avec la production d’images artistiques.

En caricaturant un peu, on arrive à un stade où il y a plus d’offres de photographes à finalité professionnelle que de demande. La photographie de mariage, de couples et de famille semble le moyen le plus aisé pour se rémunérer mais avec un nombre conséquent de prestataires existants. C’est une activité exigeante où il faut raisonner « client », le respecter en répondant aux attentes avec un degré de qualité justifiant le tarif demandé. Proposer des tarifs très bas ce sera s’enfermer dans cette cible de petits budgets et il sera difficile ensuite d’augmenter ses tarifs pour arriver au seuil de rentabilité satisfaisant. A voir si l’équilibre économique est tenable sur le long terme, cela pourra probablement conduire à une production importante, peu qualitative, à de l’abattage, à ne pas passer du temps dans la post-production, avec la question de savoir si ce sera motivant à moyen terme car on risque de rester dans une spirale de basse qualité de production ?

Il y a beaucoup d’offres de « prestataires » qui ne sont pas d’une qualité comment dire, « raisonnablement attendue »… Aussi c’est aux demandeurs (clients) de faire très attention pour le choix d’un photographe, car certains se déclarent photographe avec, disons pour être sympa, un niveau photographique plus que limite. Pour donner une idée de la saturation de l’offre : à une demande « recherche un photographe de mariage qui s’intègre bien avec les invités« , sur un groupe Facebook « mariage petits budgets », il y a eu 48 propositions de service en très très peu de temps…

Tarifs, la rentabilité d’abord

Il faut savoir que ce n’est pas le client qui fixe le tarif. C’est devenu une pratique qui devient courante, liée aux plates-formes internet de mise en relation clients-fournisseurs moyennant paiement pour le prestataire (payer pour trouver un éventuel, éventuellement client qui veut payer lui le moins possible, qui cherche un prix) ... qui demandent le tarif prévu par le client. Par exemple si pour un baptême son tarif est de 350€, la personne peut appeler pour dire que c’est trop cher, qu’elle ne souhaite pas mettre cette somme mais qu’elle vous veut quand même. Il faut alors expliquer que cela va vous bloquer un samedi, plus le déplacement, plus la préparation du matériel, la responsabilité morale de réussir des photos de qualité professionnelle, le post-traitement, le paiement des charges sociales, des taxes. Que le tarif est le tarif et qu’en dessous l’on travaille à perte. Si elle ne veut vraiment pas, l’orienter alors vers quelqu’un d’autre, ou éventuellement proposer alors du jpeg direct boitier en indiquant bien que ce sera des photos souvenirs, si c’est cela qu’elle souhaite. Ou alors refuser car ce n’est pas sa cible de clientèle et le type de photos que l’on réalise car sa spécialité est un style personnel avec post-traitement poussé alors la livraison finale ne correspondra pas aux photos présentées sur son site internet, par exemple.

Outre les facilités relationnelles et connaitre le seuil de rentabilité, pour devenir photographe professionnel, il est important bien entendu d’avoir des compétences techniques, que ce soit en termes de prise de vues, de cadrage, de post-production, de qualités relationnelles. Il faut également avoir un bon sens artistique, ainsi qu’une sensibilité visuelle et une bonne connaissance de la lumière et des matériels (appareils photo, objectifs, logiciels, accessoires). Aussi il faut suivre l’évolution des techniques, des matériels, des logiciels et des tendances par une formation et une veille en continu.

Se former continuellement

Le but de cet article n’est pas de décourager mais de prendre en compte la réalité en se méfiant du miroir aux alouettes. On voit nombre de gens avec en apparence pas le bagage suffisant, qui veulent s’inscrire en micro-entreprise alors que cela fait 1 an qu’ils ont découvert la photo et pensent que cela va être facile de gagner de l’argent. Au final cela peut desservir la profession qui demande de la qualification, un savoir faire, un savoir être et un faire savoir. Aussi se former avant de se lancer, étudier le marché et les possibilités, sont une meilleure attitude qui évitera des déceptions.

Bien entendu il y a des gens qui réussissent bien. Certains considèrent la photo comme un support de bizness et enchaînent les mariages par exemple en en faisant 35 ou 40 par an avec en plus des séances familles, portraits, des photos pour les entreprises et arrivent à un chiffre d’affaire assez élevé. D’autres pour qui la photo est une vraie passion et qui ne courent pas après le chiffre d’affaire. Toutefois dans une optique professionnelle, le système étant ce qu’il est, il y a besoin de pouvoir payer son logement, ses frais de vie, aussi il est nécessaire que la photographie apporte le revenu nécessaire et suffisant, comme tout métier.

Miroir aux alouettes, être attiré par la lumière et au final tomber dans un piège. Cette expression date de l’après-guerre. Il s’agissait d’un piège utilisé par les chasseurs pour capturer des alouettes. Grâce à des morceaux de miroirs fixés sur des bouts de bois, les chasseurs créaient des reflets en les agitant.


image_pdf©Patrick Pestre - pour usage personnel -

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