Nous avons de la chance, le flou se nomme parfois flou artistique, alors on peut tenter. Comment montrer différemment par exemple l’action d’un chien très dynamique et très heureux d’une promenade en campagne ? On peut utiliser un boitier très rapide muni d’un objectif avec un autofocus rapide ou alors tenter le flou avec un objectif à mise au point manuelle et utiliser des vitesses lentes comme 1/30ème de seconde. Nous pouvons aussi en profiter, histoire de casser les codes académiques, pour tenter des cadrages différents.
Le flou peut être perçu comme une erreur technique en photographie, toutefois lorsqu’il est utilisé intentionnellement, il peut devenir un outil puissant pour raconter une histoire, transmettre une émotion ou créer une œuvre unique.
Les différentes formes de flou en photographie
Il existe plusieurs types de flou, chacun ayant un impact visuel et émotionnel particulier :
- Flou de mouvement (motion blur)
Résultat du déplacement du sujet, de l’appareil photo ou des deux pendant l’exposition. Ce flou suggère la dynamique, la vitesse ou le passage du temps. - Flou d’arrière-plan (bokeh)
Crée par une faible profondeur de champ, ce flou met en valeur un sujet net en isolant celui-ci du reste de la scène. - Flou de mise au point
Survient lorsque aucun élément de la photo n’est net. Utilisé avec soin, il peut suggérer une ambiance rêveuse ou abstraite. - Flou intentionnel (creative blur)
Obtenu par des techniques comme le flou directionnel ou le zooming, il sert à créer une esthétique singulière ou à diriger l’attention. - Flou atmosphérique
Produit par des conditions naturelles comme la brume, la pluie ou la poussière, il donne une texture et une profondeur particulière à l’image.
Pourquoi utiliser le flou intentionnellement ?
- Évocation émotionnelle : Le flou peut suggérer des états émotionnels comme la confusion, la nostalgie ou la sérénité.
- Raconter une histoire : Il peut mettre en avant le mouvement ou l’atmosphère plutôt qu’un sujet clair et défini.
- Créer de l’abstraction : Une scène floue peut détourner l’attention des détails pour inviter le spectateur à interpréter l’image selon ses propres perceptions.
- S’affranchir des règles : Le flou intentionnel casse les normes classiques de la photographie nette et ouvre la voie à une créativité sans limite.
Techniques pour maîtriser le flou
Le flou de mouvement
- Temps de pose long : Utilisez une vitesse d’obturation lente (ex. : 1/10, 1/4, voire plusieurs secondes) pour capturer les mouvements. Un trépied peut stabiliser les éléments fixes.
- Filé (panning) : Suivez un sujet en mouvement avec votre appareil photo tout en maintenant une vitesse lente. Le sujet apparaît net tandis que l’arrière-plan devient flou.
Le flou d’arrière-plan (bokeh)
- Ouverture large : Utilisez une grande ouverture (petit chiffre f, ex. : f/1.8 ou f/2.8) pour réduire la profondeur de champ.
- Distance sujet-fond : Plus le sujet est éloigné de l’arrière-plan, plus le bokeh sera prononcé.
Le flou artistique
- Zooming : Pendant une longue exposition, zoomez avec l’objectif pour créer des lignes convergentes dynamiques.
- Flou directionnel : Déplacez l’appareil photo de manière délibérée pendant l’exposition pour créer un effet pictural.
- Mise au point manuelle : Désactivez l’autofocus et déplacez manuellement l’objectif pour créer un flou subtil ou total.
Utiliser des filtres
- Filtre ND (Neutral Density) : Réduit la lumière entrant dans l’objectif, vous permettant d’allonger le temps de pose même en plein jour.
- Filtres de diffusion : Adoucissent les contours pour créer un flou doux et onirique.
Applications créatives du flou
- Paysages : Utilisez un flou de mouvement pour capturer le flux de l’eau, des nuages ou des herbes agitées par le vent.
- Portraits : Jouez avec un bokeh riche pour isoler votre modèle tout en ajoutant un arrière-plan esthétique.
- Photographie urbaine : Combinez un filé avec les lumières de la ville pour des images dynamiques et vibrantes.
- Abstraction pure : Réalisez des flous complets pour transformer des scènes ordinaires en compositions abstraites.
Inspiration : photographes qui osent le flou
- Uta Barth : Ses images floues explorent la lumière et la perception visuelle.
- Ernst Haas : Pionnier de la photographie couleur, il utilisait souvent le flou pour capturer le mouvement et les émotions.
- Michael Kenna : Connue pour ses paysages atmosphériques, il utilise le flou pour créer une sensation intemporelle.
Conseils pour réussir le flou
- Expérimentez sans peur : Prenez des risques créatifs sans craindre d’échouer. Le flou est souvent une affaire d’essais et d’erreurs.
- Mélangez netteté et flou : Une combinaison des deux peut guider le regard du spectateur et équilibrer la composition.
- Soyez intentionnel : Même si le flou peut sembler accidentel, il est souvent plus efficace lorsqu’il sert une vision claire.
En intégrant le flou dans sa pratique, il s’agit d’explorer un univers où les règles traditionnelles s’effacent au profit de la créativité pure.
On termine par quelques photos nettes, qui ne doit pas être systématiquement le but en soi, car alors on fait de la photo de technicien de la netteté.
Et voici la toute belle qui s’est bien défoulée.